image et son : des espaces de création
quand le son devient image
les formes qui construisent l’espace le son comme moteur de la démarche exploratoire
composer l’espace en formes et en sons
La relation entre le graphisme et l’espace est essentielle, tant sur le plan théorique que pratique, car le graphisme ne se limite pas uniquement à la création de formes sur un support plat. Il s’agit d’un véritable travail de médiation visuelle, qui s’articule autour de la manière dont les formes, les couleurs et les typographies interagissent avec leur environnement. Le graphisme, qu’il soit appliqué à des supports imprimés, numériques, ou à des installations, prend tout son sens en fonction de l’espace dans lequel il se déploie.
e comprendre, et de vivre un lieu d’une manière singulière. Par exemple, dans le cadre d’un événementun concert ou un festival
Le graphisme dans l’espace n’est pas seulement un élément décoratif, mais une manière de dialoguer avec l’environnement. La dimension physique de l’espace doit être prise en compte, car un design graphique efficace ne peut ignorer les contraintes ou les opportunités qu’un lieu particulier peut offrir. Les surfaces, les volumes et les angles de l’espace influencent le choix des formes et des supports graphiques. Par exemple, dans un espace de concert, la manière dont la signalétique se déploie dans l’espace peut amplifier l’atmosphère musicale, en exploitant des éléments comme l’éclairage ou les installations mobiles. Une installation immersive, par exemple, va jouer sur la manière dont l’utilisateur se déplace dans l’espace, en transformant l’environnement sonore et visuel pour créer une expérience multisensorielle.
Le graphisme devient alors un outil de transformation, capable de métamorphoser un espace en un lieu d’expérience. Le jeu sur les échelles, la modularité, et l’interactivité sont important dans cette dynamique. L’idée est de concevoir un environnement visuel qui ne soit pas statique, mais qui évolue avec l’usager. Dans une salle de concert, par exemple, la signalétique ne doit pas seulement guider, elle doit être en harmonie avec l’espace scénique, en reflétant l’énergie du concert et en intégrant l’acoustique du lieu.
L’espace, dans ce cas, est un terrain d’expérimentation pour le graphiste. C’est l’opportunité de repenser la manière dont un lieu peut être habité visuellement, en utilisant la typographie, la couleur, la forme et la texture pour redéfinir l’atmosphère. Le graphisme dans l’espace transforme la perception du lieu et l’expérience de l’usager en agissant directement sur son environnement. Ce n’est pas une simple décoration, mais une réponse aux besoins de communication, de navigation, et d’émotion que l’espace génère.
Ainsi, la relation entre le graphisme et l’espace repose sur une interaction fluide et constante, où chaque élément visuel doit non seulement s’adapter aux spécificités du lieu, mais aussi répondre à l’expérience que l’on souhaite offrir à l’usager. En ce sens, le graphisme est un véritable outil d’architecture visuelle, capable de structurer et de dynamiser l’espace, en tenant compte des impératifs fonctionnels tout en apportant une dimension esthétique et sensorielle qui enrichit l’expérience globale.
Le graphisme et l’espace entretiennent une relation étroite, notamment à travers la signalétique et la scénographie. Bien que distinctes, ces deux disciplines partagent des principes communs dans leur adaptation aux caractéristiques propres d’un lieu. La signalétique, généralement fonctionnelle, a pour objectif d’orienter et d’informer les usagers, tandis que la scénographie, plus immersive, cherche à créer une atmosphère ou une expérience visuelle particulière. Toutefois, tant l’une que l’autre s’ancrent dans l’architecture et l’univers thématique du lieu, contribuant à tisser une continuité visuelle et narrative, voire à développer un véritable récit visuel de l’espace.
Certaines réalisations illustrent parfaitement ces liens, comme la scénographie du festival Variations, imaginée par PAF Atelier au Théâtre du Châtelet. Ce projet se distingue par l’utilisation d’un jeu de papiers découpés qui met en valeur les musiciens tout en dialoguant avec les éléments architecturaux du lieu. L’intention derrière cette scénographie est de créer une immersion visuelle et sonore, où les éléments graphiques, par leur texture et leur légèreté, entrent en résonance avec l’acoustique du théâtre. L’utilisation du papier découpé permet de jouer avec la lumière, projetant des ombres et des formes mouvantes qui accompagnent les performances musicales, tout en renforçant l’atmosphère poétique et dynamique du festival. Cette approche souligne l’importance de l’adaptation du graphisme et de la scénographie aux caractéristiques singulières d’un espace, ici un théâtre historique, tout en créant une expérience multisensorielle cohérente pour les spectateurs.
(cf. 01-07)
De même, la signalétique développée par Ruedi Baur pour la Cinémathèque française à Paris illustre parfaitement la manière dont le graphisme peut s’intégrer harmonieusement à l’architecture d’un lieu. Inspirée des formes du bâtiment, cette signalétique ne se contente pas de guider les usagers, mais elle participe activement à l’expérience immersive de la cinémathèque. Les projections lumineuses et les formes graphiques adaptées à l’architecture du bâtiment créent une atmosphère unique, plongeant les visiteurs dans l’univers cinématographique de l’endroit. Les éléments de signalétique, à la fois fonctionnels et esthétiques, s’intègrent parfaitement dans l’espace, en jouant sur les lignes, les ombres et les éclairages pour renforcer la narration visuelle. Cette approche démontre comment le graphisme peut non seulement orienter mais aussi enrichir l’expérience d’un espace, en en soulignant l’identité et en amplifiant son ambiance. (cf. 08-09)
Ces créations montrent comment le graphisme s’adapte, se module, et interagit avec son environnement pour offrir une expérience à la fois esthétique et fonctionnelle.
Dans un contexte éphémère tel qu’un festival, ces concepts prennent une dimension supplémentaire, où la signalétique devient un outil dynamique et modulable, offrant à la fois fonctionnalité et expérience immersive. Par exemple, l’installation in situ “Folies”, réalisée par PAF Atelier se compose de structures gonflables et modulables. Conçue pour s’adapter à l’espace, cette intervention favorise une interaction visuelle avec les usagers. La plasticité de ces formes, leur légèreté et leur capacité à se déployer ou se transformer, font de cette signalétique un élément de scénographie vivant, qui guide non seulement le public mais lui offre également des moments de pause et de contemplation. (cf. 10-12)
Ainsi, la signalétique et la scénographie se rejoignent dans leur capacité à orienter, mais aussi à participer activement à la composition de l’espace. Les éléments graphiques et de design, tels que les formes organiques, les textures, et les jeux de lumière, s’inscrivent dans une démarche où l’esthétique et la fonctionnalité se mêlent pour enrichir l’expérience. Ces interventions, loin d’être statiques, évoluent avec l’environnement et permettent aux usagers de se connecter à l’espace de manière plus immersive, tout en apportant une dimension ludique et interactive à l’événement.
Ces exemples montrent que le graphisme, lorsqu’il se met au service de l’espace, ne se limite pas à une simple fonction utilitaire. Il devient un moyen d’amplifier l’expérience usager, en s’intégrant harmonieusement à l’univers du lieu tout en respectant ses spécificités. C’est cette relation étroite entre graphisme et espace qui ouvre des perspectives nouvelles, tant dans la création artistique que dans la manière de concevoir des espaces en lien avec la musique.
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