« La musique ne se consomme pas, elle se vit. » Cette phrase du collectif Mino résonne profondément avec ma réflexion, car elle remet en question l’idée de la musique comme simple produit de consommation et propose une nouvelle manière de l’appréhender. À travers leur projet, Mino offre un espace d’écoute immersive où les participants ne se contentent pas d’écouter un album, mais vivent une expérience collective, échangent leurs impressions, partagent des sensations et des émotions. Cette approche me semble particulièrement pertinente car elle valorise la musique comme un moment d’échange et de connexion, allant au-delà de la simple écoute.

Cependant, je me suis interrogée sur la manière d’amplifier cette expérience en y intégrant une dimension visuelle et scénographique, afin de renforcer l’immersion des participants. En ajoutant des éléments visuels, tels que des installations lumineuses ou des compositions graphiques qui dialoguent avec la musique, l’objectif serait de créer un univers multisensoriel où l’auditeur peut vivre la musique de manière encore plus profonde et immersive.
Des projets tels que Pop Air, une installation immersive à Paris, illustrent parfaitement comment l’interaction entre les formes, les matériaux, et l’espace peut transformer un lieu en un environnement magique et engageant. Ce projet, qui mêle son, lumière et matière, repose sur des modules immersifs et modulables disposés à grande échelle dans l’espace, permettant aux visiteurs de jouer avec l’environnement. Cette idée de modules — souvent dynamiques et changeants — résonne directement avec mes analyses précédentes sur l’importance de l’espace dans une expérience immersive. Dans mon exploration, je cherche à créer un lieu où les formes dérivées de la musique, telles que des lignes ou des motifs rythmiques, prennent vie à travers des installations spatiales.
Ce qui rend Pop Air particulièrement intéressant, c’est sa capacité à fusionner différentes dimensions sensorielles : le son et la lumière se propagent à travers les modules, eux-mêmes capables de se transformer, de s’ajuster ou de se déployer, créant ainsi une ambiance fluide et mouvante. Les modules qui remplissent l’espace, tout en jouant avec le volume et la matière, invitent le spectateur à s’interroger sur leur interaction. À travers des compositions modulaires, l’environnement devient un terrain de jeu où les limites entre les installations et l’usager se dissipent. De même, les jeux de lumière et de reflets qui s’opèrent sur les formes et les textures ajoutent une dimension presque surréaliste et dynamique à l’ensemble. Ce dialogue constant entre les éléments visuels et sonores engage une relation active entre le spectateur et l’espace, lui permettant de se l’approprier et d’y participer. Cette approche résonne directement avec mes propres réflexions sur la manière de rendre l’écoute musicale encore plus immersive en transformant l’espace en un véritable lieu d’interaction créative.
Tout au long de ce mémoire, ma réflexion a évolué pour souligner la manière dont la musique, le graphisme et l’espace peuvent s’enrichir mutuellement afin de créer des expériences immersives et multisensorielles. En tant que designer graphique, mon rôle ne se limite pas à la création d’images, mais à la transformation de l’espace pour amplifier l’expérience vécue par les spectateurs. En traduisant la musique visuellement à travers des formes, des textures et des volumes, je cherche à questionner la manière dont nous percevons et vivons la musique.

Le designer graphique, dans ce contexte, devient un médiateur entre le son et l’espace, intervenant dans la scénographie et la signalétique pour guider et engager l’usager. Ces éléments permettent de créer des environnements où la musique dépasse son rôle sonore pour devenir une expérience sensorielle complète. En conjuguant lumière, forme et rythme, je souhaite offrir un espace où chaque spectateur peut s’approprier la musique de manière unique, transformant ainsi l’expérience musicale en une immersion visuelle et sensorielle.



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